Sirènes Sylvestres

2012

Installation artistique interactive nocturne ouvrant un passage lumineux à travers bois.

Inspiré par des contes et légendes populaires, ce dispositif cherche à faire ressentir au visiteur des émotions profondes et instinctives liées à la forêt.

L’utilisation de la lumière comme moyen d’expression permet de mettre en valeur l’environnement naturel sans interférer avec celui-ci. Un système équipé de capteurs permet d’allumer et d’éteindre les lumières au fur et à mesure de l’avancée du visiteur.

Sirènes Sylvestres a été présenté au festival PanOrama 2012 de Bordeaux et a fait l’objet d’une résidence d’artiste au château de Chambord en 2014. Différentes pistes techniques ont été explorées et sont en cours de développement.

Lumière éclairant des pousses d'arbres.

« Elles peuvent être observées à la tombée du jour, à l’orée d’un parc où d’une forêt. Leurs lueurs blanches et chaudes scintillent doucement parmi le feuillage. Lorsque l’on s’en approche, elles s’éteignent et s’enfuient, pour réapparaître un peu plus loin, révélant un chemin à travers le sous-bois. Qui s’engage sur ce sentier ne perçoit que les quelques mètres devant lui, et poursuit ces lumières qui constamment s’échappent.

Introduction à Sirènes Sylvestres sur sisy.org

Mon rôle

Plan du parc de l’ermitage, où fut présentée la première version de Sirènes Sylvestres.

J’ai initié ce projet en mai 2012 à la suite d’une commande de l’association Média-Cité à notre collectif Lab212 pour La Nuit Verte. L’événement était le point d’orgue du festival PanOrama dont l’objectif était de mettre en valeur la ceinture de parcs longeant la rive gauche de la Garonne, en face de Bordeaux. La Nuit Verte devait se tenir le soir du 19 septembre 2012 dans le parc de l’Ermitage.

Par la suite, j’ai cherché à faire évoluer l’idée et le dispositif technique.

Intentions

Je voulais concevoir un dispositif à même d’emmener les visiteurs au milieu des bois en pleine nuit. Peu de gens s’écartent des chemins balisés et éclairés. C’est pourtant lorsque l’on s’égare que l’on prend réellement conscience de ce qui nous entoure. C’est à ce moment que l’imagination s’active et que des sensations longtemps oubliées, venues de l’enfance ou de la préhistoire, refont surface.

Orientations premières

Dispositif interactif

L’utilisation d’un dispositif lumineux est rapidement apparu comme le meilleur moyen de communiquer avec le visiteur. C’est un moyen très expressif qui interfère peu avec l’environnement forestier.

Un des premiers croquis du principe interactif. Le visiteur est guidé par un fil d’Ariane qui allume une lumière devant lui.

Une des premières pistes créatives exploitait le principe du fil d’Ariane. Un fil serait déroulé à travers bois. Tenir ce fil allumerait une lumière devant soi, éclairant le passage et donnant la direction. Lâcher le fil éteindrait cette lumière. C’est techniquement possible en utilisant un fil métallique relié à un capteur capacitif. C’est néanmoins un dispositif compliqué à produire et à étalonner en extérieur, avec le risque d’aboutir à un résultat aléatoire difficile à comprendre pour le visiteur.

Je suis donc parti vers une solution à priori plus simple et plus efficace : la détection de mouvement par capteur infra-rouge. Le fait qu’elle ne nécessite aucune action de la part du visiteur (si ce n’est de bouger) laissait entrevoir un grand potentiel immersif lorsque la lumière s’allumerait, comme par magie !

Animation de principe. La lumière s’enfuit devant le visiteur.

Inspiration

L’idée évoque certains mythes, certains contes de fée et histoires populaires.

Elle s’inspire des sirènes dans leur capacité à attirer le visiteur en dehors des chemins sûrs. Mais elle reprend également le principe du fil d’Ariane et du chemin de cailloux du petit Poucet, deux moyens fiables pour retrouver sa route dans un environnement hostile. Un chemin qui s’efface au fur et à mesure, c’est ce que rencontre Alice au pays des merveilles. Princesse Mononoke quant à elle, est guidée par les esprits de la forêt, représentés par des petites créatures lumineuses diaphanes.

Ces mythes et ces histoires évoquent chacune à leur façon des aspects de la nature qui fascinent et que l’on redoute. Elles représentent des phénomènes naturels puissants, au delà de tout jugement moral : ni bon, ni mauvais.

Il fallait donc trouver un moyen pour que ces lumières fassent naître chez le visiteur un sentiment ambivalent de crainte et d’attirance.

Formes lumineuses

L’aspect esthétique des lumières devait être envoûtant et inspirer un sentiment partagé de confiance et de doute. Ma priorité était de faire en sorte que les lumières s’intègrent bien dans un environnement forestier.

Croquis d'arbres éclairés
Comment éclairer des arbres ? Croquis
Les blocs LED initialement prévus pour équiper l’installation.

Les recherches formelles furent également influencées par des moyens limités et des source lumineuses contraignantes. En effet, pour éclairer les sirènes sylvestres, les sources lumineuses devaient être des blocs LEDs d’éclairage public mis à disposition par une entreprise locale, partenaire de l’évènement. Ce partenariat aurait pu aboutir à la pérennisation de l’installation. Au lieu de cela, trop complexes et sans support suffisant de l’entreprise partenaire, ces blocs LEDs n’ont pas pu être utilisé et furent remplacés par des halogènes standards.[end-div]

Les lanternes furent réalisées sur place à base de confettis ignifugés. Leurs formes se déclinent entre l’animal et le végétal, la chrysalide et le fruit.

Inspiration

Production

Technique de détection

La détection de mouvement s’est faite avec des détecteurs de mouvement infra-rouge standards, disponibles en les magasin de bricolage. Ils sont équipés d’une minuterie pour gérer l’extinction. Pour Sirènes Sylvestres, il suffisait de régler la minuterie au minimum et de disposer le détecteur suffisamment en amont de la source lumineuse pour que celle-ci s’illumine loin du visiteur, et s’éteigne avant que le visiteur n’ait le temps de s’en approcher. Cette solution matérielle avait l’avantage d’être solide, peu couteuse, disponible partout, et potentiellement compatible avec n’importe quel type de source lumineuse.

Première exposition

Voici une captation vidéo de la première exposition de Sirènes Sylvestres :

Accueil du public

Le public a été séduit par l’aspect exploratoire, poétique et ludique de l’installation. Des médiateurs ont guidé les visiteurs et encouragé les indécis.

Néanmoins, lorsque le nombre de visiteurs était trop grand, plusieurs lumières étaient allumées simultanément. Cela a interféré avec l’expérience souhaitée, et à même amené quelques visiteurs à emprunter le parcours en sens inverse.

Leçons et itérations

Cette première exposition de Sirènes Sylvestres m’a fait réaliser plusieurs choses :

  1. La valeur de Sirènes Sylvestres réside dans le choix du parcours forestier et l’emplacement des lumières. Il faut avoir suffisamment de temps en amont pour repérer, préparer, accrocher.
  2. La forêt est un endroit complexe pour installer un dispositif interactif. Le dispositif technique doit être adapté à ce contexte spécifique et testé en amont.
  3. La fluidité et la réactivité d’un dispositif interactif est un élément essentiel de son intelligibilité. La qualité de l’expérience finale en dépend. Il est donc nécessaire de contrôler très précisément l’extinction de chaque lumière (au lieu de se baser sur une minuterie).

Un dispositif plus simple à brancher et à transporter permettrait donc de passer plus de temps dans la forêt, d’avoir plus de possibilités d’accrochage et d’avoir un matériel réutilisable donc mieux maîtrisé.

Une solution technique permet d’atteindre ces objectifs : alimenter Sirènes Sylvestres sur batteries de faible tension, utiliser des LED compatibles et permettre à chaque détecteur de déclencher à la fois l’allumage d’une lampe et l’extinction d’une autre.

Chaque détecteur est désormais connecté à la lumière le précédent afin de pouvoir en contrôler l’extinction.

Recherches formelles

Grâce à cette nouvelle approche, dégagé des contraintes de chaleur, de poids ou de taille, j’ai pu creuser d’autres pistes esthétiques.

J’ai pris le temps d’aller expérimenter dans la forêt, en conditions réelles. C’est à ce moment que j’ai réalisé que l’aspect esthétique des sources lumineuses n’avait aucune importance. La couleur, l’intensité, et surtout son emplacement devait être au centre de mon attention. Chaque lumière doit mettre en valeur ce qui l’entoure : la forêt, le chemin, un arbre, une branche, une feuille, etc.

Prototypage

Pour les premiers prototypes, je me suis essayé à l’électronique rudimentaire. J’ai par la suite rencontré Markus Hutzler, ingénieur en électronique spécialisé dans les dispositifs sans fils économes en énergie. Notre collaboration a permis de développer une série de prototypes matériels et logiciels avancés et de s’affranchir des câbles. Nous avons effectué une résidence au château de Chambord en mars 2014.

Raconter Sirènes Sylvestres

Le visiteur est maintenu dans l’ombre par le dispositif interactif. Il court après la lumière mais ne l’atteint jamais. Avec le vidéaste Mateus Alves, nous avons essayé de montrer l’esthétique et la temporalité d’un des prototypes fonctionnels de Sirènes Sylvestres dans la vidéo ci-dessous.

Le site web sisy.org a été créé pour communiquer sur ce projet. L’installation y est présentée sur un ton poétique comme un phénomène surnaturel réel pour éveiller la curiosité du visiteur. Contrairement à tout ce que vous venez de lire ici, sisy.org n’en dit pas trop pour préserver le mystère de l’installation.

Voir les Sirènes Sylvestres

Il s’agit d’un projet en constante évolution. Je suis actuellement à la recherche de partenariat technique et d’opportunité d’exposition. Contactez-moi si vous êtes intéressés.

« Personne ne sait avec certitude où et quand elles réapparaîtront. Si vous souhaitez être informés dès qu’elles se manifestent, dites le nous. »

sisy.org